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Melanine

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Quand j'avais 8ans

je suis devenue une femme...

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...et je ne l'ai pas encore accepté.

Alors à ma façon, je suis restée une petite fille.

 

Aujourd'hui j'ai trois fois son âge,

​j'ai pris un stylo noir de grands comme toboggan pour faire descendre les nœuds de ma tête, les déposer sur le papier, les observer, les démêler.

Un groupe de parole pour se reconnaître, se donner la légitimité, montrer aux autres les cailloux dans mes chaussures et observer leurs pierres, continuer à marcher, bancale, en relativisant notre situation.

J'ai rencontré un garçon qui respectait mon corps mieux que j'avais appris à le faire moi-même,

Et comme ça, bien entourée et le stylo dans la main, j'ai écrit un texte.

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Je l'ai fait pour raconter ce qui m'est arrivé, pour sensibiliser ceux qui ne s'y attendaient pas, et pour encourager ceux qui en ont besoin, mais surtout pour donner mon opinion.

C'est un récit cru, j'ai essayé de garder la vision que j'en ai depuis petite. Tout à l'air de s’enchaîner comme ça, mais ce sont 16 années de mon enfance et adolescence...

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Le voila:

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J'ai une jolie maison dans ma tête.

Il y a une chambre de petite fille, il y a mes jeux et ma famille, on est bien.

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Tu vois ma maison,

tu as envie de rentrer dedans.

Tu confonds ce désir avec un besoin,

tu viens dans ma maison.

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Tu ouvres toi-même ma porte, chez moi.

Tu entres dans ma bulle et tu y déposes tes valises pleines de poussière.

Je n'ai invité personne dans cette maison,

tu es le premier visiteur et tu joues une pièce de théâtre.

Je suis un figurant dans ma propre pièce que tu salis, que tu piétines.

Je suis un meuble de ma maison et tu sur-joue de moi.

Tu violes ma bulle, tranquillement.

Moi, je suis d'accord parce que je ne sais pas ce que je veux, parce que je dois improviser avec ta main sur moi. J'ai honte, si tu savais. J'ai honte de ne pas avoir su ma réplique.

Mais je ne fais rien et si tu n’étais jamais venu ma maison serait propre encore.

Tu salis mon corps et c'est comme ça que j'apprends le "plaisir".

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Tu t'en vas avec mon enfance sous le bras.

Je suis seule, nue, sale, grande, debout et je pleure.

Je me sens coupable.

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Je ne dis rien.

Je n'ai pas le vocabulaire, à 8 ans.

Ma psyché ne sait pas constituer un souvenir concret avec cette chose sur laquelle je ne peux pas mettre de mots.

Je ne voulais rien savoir, je ne veux rien savoir et je refuse.

Mais la maison est sale et tu n'es pas là pour nettoyer.

L'idée du désordre m'insécurise, il faut que je reprenne le contrôle.

Je fais la poussière, partout, tout le temps.

Au salon, il y a un petit tapis, je la mets dessous et je m'éloigne le plus possible. j'ai peur que tu reviennes.

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Je ne peux plus dormir dans mon lit de petite fille.

Tu as cassé mon miroir à l'intérieur.

Je regarde mon corps dedans et je vomis, je vomis, je vomis tout ce que tu y as mis.

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J'oublie pour avancer.

Je laisse tout sous le tapis mais je continue à faire comme tu m'as appris. Quand on est jeune, on apprend vite!

Il faut que la maison grandisse alors je mets toutes sortes de pierres, les mauvaises sans doute, dans le ciment.

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Tu n'as pas de visage mais tu es un homme, alors je deviens misandre.

Je vous déteste tous parce que tu pourrais être n'importe lequel et tu m'attends peut-être partout. Je me venge, je fais souffrir les garçons à qui je plais. Mais je ne sais pas refuser et je leur donne mon corps en offrande avant même qu'ils le demandent. Ça fait mal, tout se serre en moi.

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Je repasse la scène en permanence dans ma tête, je ne peux pas accepter la fin.

Je prends des risques, je me rends vulnérable et tu finis par revenir, caché dans un autre.

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Je suis inconsciente, on dira que je t'ai tenté.

Je t'ai invité sur ma terrasse et tu penses que tu peux aller partout. Je me suis mal conduite, pour être aimée, mais je suis encore enfant et je suis endormie.

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Tu entres sous ma jupe. Je ne sais rien.

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Quand je reprends conscience je suis effrayée, je te donne des immenses coups de pieds, je me défends, Monstre!

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Tu as vu qu'il y avait de la lumière et tu es entré mais je te fais sortir à coups de balai. Tu es immonde, je te hais.

Je crie, je pleure, on vient me chercher. J'ai trouvé l'issue.

Je refuse maintenant,

j’arrache à mon visage en larmes ce masque de la honte et je te le remets.

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Après ça je peux m'accepter.

Je suis sortie de tes schémas et je peux apprendre à être moi, à savoir ce que j'aime et à me confier.

Je parle, je deviens indépendante. J'enlève de ma maison les pierres que je veux changer. Je les garde pour te les rendre. Pour que tu les porte comme elles sont lourdes et que tu trouves toi-même ce que tu vas en faire.

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J'apprends à regarder un homme du haut de mes trois pommes.

J'apprends à accepter mon corps nu après s'être fait marcher dessus, à savoir être dans toutes les situations pour ne plus me faire avoir.

J'apprends même le plaisir sainement. Mon corps est prêt à recevoir du désir et à l'amplifier, à jouer. Je deviens acteur.

Je ne me laisse plus mâcher par tout le monde et je décolle la constellation de chewing-gums écrasés sur le béton devant ma maison.

Ce n'est pas à moi d'avoir honte pour ce que tu m'a fait.

 

Souvent je me demandes comment serait aujourd'hui si tu ne m'avais pas choisie?

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Un jour, peut-être, il y aura des enfants dans ma maison.

J'aurai peur pour eux mais je leur apprendrais du mieux que je peux à se défendre en préservant leur insouciance. Sache que tu n'es pas le bienvenu.

Reste chez toi, apprends à aimer ta propre maison avant de le demander à quelqu'un qui ne saurait pas te le refuser.

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Je te le souhaite...

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Merci pour votre lecture.

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Je pense que la violence sexuelle est une catastrophe sociale dont je ne veux plus faire un tabou.

 

Mon intimité et ma pudeur m’ont été enlevé le jour où on m’a forcé à les partager.

Je ne fais pas ce site pour m’exhiber mais dans le but de me retrouver et d’aider ceux que je peux dans la même démarche.

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Je ne parlerai pas de justice, de tribunal, ou de lois ici mais vous pourrez trouver dans la rubrique "Blog" d'autres articles.

Il y a des textes que j'ai écrit sur l'enfance et la violence, des sources dont je me suis servie et qui m'ont aidé à avancer, des musiques, quelques définitions, liens, et une liste d'apriori que je tenais à "descartiquer".

 

Si vous souhaitez me contacter, partager des choses, ce site est aussi le vôtre. Vous pouvez me joindre au bas de cette page!

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Merci infiniment à

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